Transparency - Kristian Mendoza
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Après le grand frisson.
Celui des silences qui en disent long.
Celui des attentes sans fin.
Celui des doutes savoureux, où rien n'est encore joué.
Que se cache-t-il après cette période qui scelle la rencontre, unique, indélébile et déjà passée ?
"Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".
Et dans la vraie vie ?
Devenons-nous transparents à nous-même, à l'autre quand, sans peur ni sans reproche, comme un miracle auquel on a du mal à croire, nous aimons ces après-midi sans programme gravé dans le
marbre, où sa seule présence nous ravit, là de l'autre côté du mur.
Où nous sommes libres de pouvoir le lui dire une fois, cent fois, mille fois, sans que nous attendions une réponse en retour.
Où nous passons devant lui, sans qu'il lève un oeil, sans que cela nous jette dans une frayeur sans fond.
Où nous n'avons pas peur que la nuit tombe, d'avoir laissé filer cette journée, sans remord, sans scrupule.
Est-ce la fin ?
Est-ce le signe de ce monstre à fuir toujours, cette routine contre laquelle, semblerait-il, il n'y a pas de remède ?
Après des années à rêver à
Belle du Seigneur, la lecture d'Alain Badiou* démontre combien la rencontre n'est rien comparée à ce qui suit.
Le parquet craque sous mes pas.
Une question fuse.
Un frisson. un autre. Ineffable.
Sensation délicate. Jusqu'alors inconnue et au goût rare.
Situation si quotidienne qu'elle en est désarmante.
Nous contentons-nous de peu ?
Et nos folies des grandeurs ?
Et cette exigence surannée ?
Comment comprendre cet état second, sans qu'il n'y ait un élément exceptionnel dans le décor ?
Un mystère qui n'appartient qu'à nous, pour une fraction de secondes.
Une folie douce, une incroyable passion sans l'hystérie démonstrative.
Profitons de cet instant unique, avant les doutes encore, les angoisses toujours et lui, à jamais.
*Alain Badiou avec Nicolas Truong,
Eloge de l'amour, Flammarion, 2009