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17 octobre 2019 4 17 /10 /octobre /2019 23:22

À deux pas du cinéma.
Le ciel bas, après une séance à rebattre les cartes, sur un divan de mon petit monde.

Je sors avec l’ennui de rentrer chez moi.

Mes mains dans les poches, j'y trouve le marron ramassé lors d’une promenade dominicale.

Réflexe depuis l’enfance. Activité de saison.

 

Sa main froide attrape la mienne. 

 

Le temps est à pleurer.

Et mon imperméable ne sut arrêter les larmes.

 

Je la serre fort.

Pour la retenir.

Lui dire encore et encore de ne pas me laisser.

Ce n’était pas assez.

Vieillir pour finir ne l’amusait guère.

 

 

J’ai cinq ans dans la forêt. 

Je marche à ses côtés.

Le vent dans les feuilles.

Les branches qui craquent quand nous sortons du sentier.

Elle caresse les arbres.

Évoque leur énergie.

S’agenouille et plonge les mains dans la terre.

Telle était sa prière.

 

Ainsi, elle sema en moi son mystère.

Des choses simples.

 

 

J’ai douze ans dans la cuisine.

Je révise mes déclinaisons latines et massacre à la flûte la valse numéro deux de Chostakovitch.

Ritournelle du mercredi.

Elle, debout devant le feu, surveille le dîner.

Nos plus belles années qu’elle dira à jamais regretter.

 

 

Il y a quelques mois.

Au bord du canal.

Je l’appelle. Elle s’ennuie.

 

Nous parlons de champignons.

De leur goût, lorsqu’ils sont cuisinés frais.

Je lui promets de lui en apporter à l’occasion.

 

 

Il y a quelques semaines.

Au bord du canal.

Je l’appelle. Elle se meure.

 

La journée a été longue, chargée.

Je ne peux la supporter. 

Elle attend un médecin. Je lui dis que ce n’est probablement rien.

 

Qu’elle se repose.

Je lui promets de la rappeler.

En vain.

 

Demain matin. 

Au bord du canal.

Je l’appelle. Il décroche.

Elle est à l’hôpital.

 

Je n’y crois pas.

Mais je sais déjà.

 

 

Quarante-huit heures plus tard, je trouvai l’ombre d’un cerisier pour l’enterrer. 

De l’aube clair jusqu’à la fin du jour, Je consolai son doux, son tendre, son merveilleux amour et sa fille, maman.

 

Je caressai sa joue creuse et ses lèvres gercées et glissai les dessins de nos enfants dans ses mains fermées.

 

 

J’ai cinq ans et je suis en vacances chez mes grands-parents. 
Elle m'a régalé de son gâteau au chocolat

Je l’entends s’afférer dans la pièce d’à côté. 

Dans le couloir, elle se plaint d’avoir froid, on joue aux cartes sur la table en marbre et on le rejoint fermer les volets.


Je les embrasse avant d’aller me coucher.

 

 

David Hockney

David Hockney

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  • : Vodka Lemoni
  • : Pas de justification. Pas de démonstration. Que des tripes avec du style et quelque élégance. Eviter de tomber dans le piège de l'egotrip "Miroir mon beau miroir". Sortir de l'éternelle fatalité "Vous êtes de ceux qui mettent leur orgueil dans ce qu'ils ne font pas" hein Simone. Et pour rendre à Patrick ce qui est à Patrick : "Il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets" So, que la fête commence !
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