Ce matin, vendredi 13, anniversaire.
Sa peau fine. Sa bouche et ses pommettes rosies. Ses mains glacées.
Sa voix qui disparaît. Son fantôme muet qui ne me quitte jamais.
Elle est là. Elle me manque. Elle n’est pas la seule.
D’autres l’accompagnent. Leurs souvenirs murmurent une triste mélodie chaude et salée qui pourrait me plomber.
Debout. Ce n’est pas le sujet.
Une autre année. Une éternité.
Nous allions la célébrer, souffler avec elle ses bougies.
Nous dinions. Les téléphones ont commencé à vibrer. La fin avait sonné.
Dans la lumière bleue des écrans, nos visages se figeaient.
Nous cherchions des preuves de nos ami·es en vie.
Si le hasard n’avait pas frappé. S’ils et elles étaient en sécurité.
L’horreur avait surgi.
L’effroi nous vidait de toute envie.
Nous essayions de ne pas couler dans la nuit.
Cinq ans plus tard, dans cette deuxième vague contaminée, je ne rêve que de les retrouver et danser.
Les frôler, les embrasser dans une foule de sueur. Y Plonger de tout mon cœur.
Sentir la musique dans ma cage thoracique, être bousculée par leurs corps.
Que cette fête ne finisse jamais. Que nous n’ayons pas peur.
Être réchauffée. Être rassasiée de leur présence.
Lire sur leurs lèvres. Sourire à pleines dents.
Il faudra du temps.
Quand le moment sera venu, les barrières levées, nous nous retrouverons.
Nos gestes n’attendront plus aucun autorisation.
Nous ne nous cacherons plus derrière des masques et des postures.
Nous nous aimerons sans distance.
Effronté·es, maladroit·es, sans pudeur.
Nous nous aimerons de toute évidence.