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13 novembre 2020 5 13 /11 /novembre /2020 14:10

Ce matin, vendredi 13, anniversaire.
Sa peau fine. Sa bouche et ses pommettes rosies. Ses mains glacées.
Sa voix qui disparaît. Son fantôme muet qui ne me quitte jamais.

Elle est là. Elle me manque. Elle n’est pas la seule.
D’autres l’accompagnent. Leurs souvenirs murmurent une triste mélodie chaude et salée qui pourrait me plomber.
Debout. Ce n’est pas le sujet.

Une autre année. Une éternité.
Nous allions la célébrer, souffler avec elle ses bougies.
Nous dinions. Les téléphones ont commencé à vibrer. La fin avait sonné.
Dans la lumière bleue des écrans, nos visages se figeaient.
Nous cherchions des preuves de nos ami·es en vie.
Si le hasard n’avait pas frappé. S’ils et elles étaient en sécurité.
L’horreur avait surgi.
L’effroi nous vidait de toute envie.
Nous essayions de ne pas couler dans la nuit.

Cinq ans plus tard, dans cette deuxième vague contaminée, je ne rêve que de les retrouver et danser.
Les frôler, les embrasser dans une foule de sueur. Y Plonger de tout mon cœur.
Sentir la musique dans ma cage thoracique, être bousculée par leurs corps.
Que cette fête ne finisse jamais. Que nous n’ayons pas peur.
Être réchauffée. Être rassasiée de leur présence.
Lire sur leurs lèvres. Sourire à pleines dents.

Il faudra du temps.

Quand le moment sera venu, les barrières levées, nous nous retrouverons.
Nos gestes n’attendront plus aucun autorisation.
Nous ne nous cacherons plus derrière des masques et des postures.
Nous nous aimerons sans distance.

Effronté·es, maladroit·es, sans pudeur.

Nous nous aimerons de toute évidence.

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15 janvier 2019 2 15 /01 /janvier /2019 13:40

Une heure sur pause pour laisser nos envies nous envahir.
Pour les voir naître, pour s’autoriser à les creuser et à rêver.

 

Une heure pour s’asseoir à une table à laquelle on n’a pas été invitée
et observer d’autres vies que la sienne, la bouche fermée. 

 

Une heure pour prendre l’air. De rien. Seule. Sur les quais. En plein jour.
Les joues rougies par le vent et l’afflux d’oxygène.
Au risque de voir son nez couler et ses idées divaguer parfois se noyer.

 

Une heure sans rendement. Une heure sans objet. Une heure perdue qui vaut de l’or.
Une heure pour s’inventer, se la raconter, espérer, renoncer, et pourquoi pas tout annuler. 

 

Une heure pour disparaître.

Une nuit pour recommencer.

Demain, promis craché.

Catherine Deneuve par Henry Elwing

Catherine Deneuve par Henry Elwing

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10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 11:12

Torpeur dominicale.

Météo estivale.

Foule sentimentale.

 

Rue Soufflot,

Place est faite à une femme,

Une fois n’est pas couture.

 

Sans un mot.
Dans la cuisine,

Parité parfaite.

 

Partition à quatre mains

Pour un taboulé parfumé

À la menthe hachée.

 

Communier

Autour d’un déjeuner en paix.

Sainte Trinité.

 

Cérémonie historique,

Écoutée religieusement

Sur les ondes publiques.

 

L’entrée de Simone au Panthéon.

Dans son ombre, dans ses pas,

L’amour qui ne quitta jamais ses bras.

 

Sa voix, les hommages anonymes,

Les commentateurs qui comblent le vide,

Le cœur et l’esprit.

 

Et le silence des camps aussi. 

 

À nos filles, à nos fils.

De la pudeur. Et la grandeur d’une vie.

De l’horreur aux honneurs.

 

Il faudra dire et ne jamais faillir.

Être toujours dignes et intangibles.

Que rien n’est jamais acquis.

 

A jamais, rester éveillés.

Nous rappeler ce matin d’été.

Que nous fassions bon usage de l'héritage de cette femme pour nous protéger de l’obscurité.

Simone Veil

Simone Veil

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 00:51

Une rentrée qui sent le renfermé.
L'impression d'avoir cramé toutes ses cartouches avant l'ouverture de la saison.
Croire à que dalle.

On râle.

Au menu, à la grande messe de la télé, on nous la joue "back to the future" avec
un vieux beau qui a connu la gloire sous le deuxième mandat de Mitterrand,
quand on n'avait pas encore quinze ans.
Tout ça est enrobé de programmes courts pompés sur les succès de la viralité 2.0.
Pour faire avaler la pilule, on nous balance des "Connasses" à tour de bras, en faisant fi
du C.S.A. histoire de montrer à qui regarderait qu'on est dans le coup,
s'il fallait encore le prouver.

On cherche une idée dans les pages "à ne pas rater", une tendance de fond à creuser
dans l'actualité. On voudrait adhérer, croire à plus beau, plus fort, suivre la marche
d'un empereur à trouver, pourvu qu'il nous mette du baume au coeur.

Au lieu de ça, on joue à nous faire peur à grand coup de faits divers pervers.

On s'amuse avec les paillettes des défilés en guise de cache-misère
mais on reste sur notre faim, pique-assiette qu'on est.

On a carrément les crocs.

On rêve de tout dynamiter, de jeter un sort à la morosité.
On oublie tout, le temps d'une main au panier de Tony et ses coéquipiers mais
aujourd'hui c'est déjà du passé après les horreurs en série qui alimentent l'info continue.

On imagine une nouvelle réalité.

Par quoi commencer ?

Un tour à la maternité pour saluer la relève.
Ce serait tricher que de passer le relais alors qu'elle ne sait pas encore téter.
Elle aura tout le temps de jouer les justiciers, une fois qu'elle aura du poil au torse
ou un soutien-gorge à brûler.

On est noyé dans cette ère du vide.
On scrute les signes d'une reprise mais on brasse du vent…

On commande une nouvelle tournée.
Le verre à moitié plein, on se dit qu'on n'a rien à perdre à essayer par-nous même.

On n'est pas le Messie,
mais ce n'est pas la mer à boire que de mettre un peu d'eau dans son vin.

Sur le chemin, on s'attribue le droit de pester, d'être de mauvaise foi souvent
mais à la condition de ne jamais renoncer.

Le jeu en vaut peut-être la chandelle et que quitte à y laisser sa peau,
on aura eu le beau rôle.

Michael Kohlhaas, de Arnaud des Pallières

Michael Kohlhaas, de Arnaud des Pallières

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  • : Vodka Lemoni
  • : Pas de justification. Pas de démonstration. Que des tripes avec du style et quelque élégance. Eviter de tomber dans le piège de l'egotrip "Miroir mon beau miroir". Sortir de l'éternelle fatalité "Vous êtes de ceux qui mettent leur orgueil dans ce qu'ils ne font pas" hein Simone. Et pour rendre à Patrick ce qui est à Patrick : "Il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets" So, que la fête commence !
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