Terrifiant.

Parking d'un hypermarché du meuble suédois.

 A la lumière du jour.

Heure de pointe, un week-end d'été.

L'angoisse grandit.

Je suis paumée.

Aucun repère.

La piscine à boules multicolores est en rénovation.

Rupture de stock de boulettes.

Rien ne roule.

Le Clash.

A la recherche d'une âme sensible qui voudrait me sauver de ces impies.

Je deviens irascible, exécrable entre les verres PS KÄLLA  et une EXPEDIT mis en situation.

Le monde vacille autour de moi.

Je voudrais m'enfouir.

Echapper à ce quotidien, à ces conventions.

Préférer avoir ses bouquins à même le sol, boire dans des verres à moutarde

et croire que c'est moi qui décide.

Moi la bourgeoise...

London calling...

Quelques courbatures plus tard, l'envie de rafraîchir nos idées entre ces quatres murs.

Attendre le déluge et en faire la meilleure occasion pour attraper un bon coup de pinceau.

Pourquoi pas.

Se perdre dans les nuances.

Et repeindre tout en blanc pour y voir plus clair.

Définir les finitions et liquider le superflu.

Rechercher l'harmonie sans le total look.

Apprendre à oser sans se lasser.

Et à foirer aussi, avec patience.

Est-ce vouloir s'installer,

s'embourgeoiser,

se fixer

se figer pour l'éternité ?

Est-ce cela devenir vieux ?

Passer un après-midi à composer une cuisine équipée et choisir le mobilier pour la salle de séjour.

S'imaginer avec une machine à laver et du linge à repasser.

Et si je n'avais pas encore trouvé l'endroit rêvé pour me conforter dans l'idée que je n'ai plus 23 ans ?

J'aurai toujours 23 ans

avec toi.

The Selby

Au lendemain des déclarations nauséabondes du Président de la République relatives à la destitution de nationalité,

rien de mieux que se plonger dans le première album de The Dictators.

Pour ne pas devenir folle*.

On a tous un PUNK en nous.

Listen.

C'était il y a trente-cinq ans. C'était hier.

C'est aujourd'hui.

La mèche pour toute différence chronologique.

That's all.

* The Dictators go girl crazy

Parfois, on a envie d'une claque, une vraie.

On l'attend. On tend la joue. On trépigne.

On en oublie même un risque majeur, celui d'être "disappointed".

Inévitablement, me direz-vous.

On occulte.

On accepte de s'entasser un dimanche pour pouvoir éviter les premiers rangs.

Pour ne pas avoir à décoller nos pupilles des sous-titres.

On avance.

Au suivant.

On se divertit avec la moitié de Justice devant nous qu'on trouve plutôt commun, excepté un baise-en-ville et quelques tatoo qui ne trompent pas sur la marchandise.

Toute la clique de la hype est réunie pour voir Leonardo s'enfoncer dans les limbes du subconscient à cause de La Môme.

On s'installe.

Les places sont chères. Pas de temps pour l'hésitation. Foncer tête baissée vers une rangée de strapontins à équidistance de l'écran et de la sortie. Straight to the point.

Les lumières s'éteignent et là sans la moindre bande annonce qui en vaille la peine, on est plongé dans une dimension qui laisserait Freud sur le divan.

2h20 plus tard - le temps d'un clinement d'oeil - on en ressort chamboulé, secoué, regonflé.

Avec une conscience folle d'être vivant et de ne pas gâcher une seconde de plus

- ce qui n'est pas rien un dimanche soir. 

Et pas du tout l'envie d'aller se coucher.

Comme si, en nous, une idée s'était infiltrée, sans que nous en fussions avertis.

Quelque chose d'encore impalpable mais présent qui a tout changé et qui nous donnerait à voir, par exemple, un concert de Justice sur la Lune.

Why not ?

Gaspard en gravité.

Inception - dans les salles.

Don't miss it or you will regret it.

Trouver des trucs et astuces.

Manigancer.

Se prendre pour Machiavel et élaborer des stratagèmes diaboliques.

Un véritable plan de guerre avec une ligne de front, des munitions et des forces vives.

Y perdre son naturel, ce charme et cette impertinence qui pourraient faire toute la différence.

Dans un seul objectif : la victoire.

Oui mais. Un danger guette.

Risque d'oublier qui nous sommes à l'horizon.

Vouloir tout rationaliser, maîtriser.

En quête d'une perfection que nous savons paralysante, repoussante.

Feindre une maîtrise complète des impératifs quotidiens, diluer l'angoisse et s'interroger tel Sheldon si les petites remarques assassines de la hiérarchie sont  de l'ordre du sarcasme.

Décider alors de passer la seconde et de faire mien cet adage "Traduire c'est trahir".

Et s'en tenir à une ligne de conduite simple pour ne pas déraper : ne pas chercher midi à quatorze heures.

Est-ce si compliqué de prendre les choses juste pour ce qu'elles sont ?

Just try.