Une rentrée qui sent le renfermé.
L'impression d'avoir cramé toutes ses cartouches avant l'ouverture de la saison.
Croire à que dalle.
On râle.
Au menu, à la grande messe de la télé, on nous la joue "back to the future" avec
un vieux beau qui a connu la gloire sous le deuxième mandat de Mitterrand,
quand on n'avait pas encore quinze ans.
Tout ça est enrobé de programmes courts pompés sur les succès de la viralité 2.0.
Pour faire avaler la pilule, on nous balance des "Connasses" à tour de bras, en faisant fi
du C.S.A. histoire de montrer à qui regarderait qu'on est dans le coup,
s'il fallait encore le prouver.
On cherche une idée dans les pages "à ne pas rater", une tendance de fond à creuser
dans l'actualité. On voudrait adhérer, croire à plus beau, plus fort, suivre la marche
d'un empereur à trouver, pourvu qu'il nous mette du baume au coeur.
Au lieu de ça, on joue à nous faire peur à grand coup de faits divers pervers.
On s'amuse avec les paillettes des défilés en guise de cache-misère
mais on reste sur notre faim, pique-assiette qu'on est.
On a carrément les crocs.
On rêve de tout dynamiter, de jeter un sort à la morosité.
On oublie tout, le temps d'une main au panier de Tony et ses coéquipiers mais
aujourd'hui c'est déjà du passé après les horreurs en série qui alimentent l'info continue.
On imagine une nouvelle réalité.
Par quoi commencer ?
Un tour à la maternité pour saluer la relève.
Ce serait tricher que de passer le relais alors qu'elle ne sait pas encore téter.
Elle aura tout le temps de jouer les justiciers, une fois qu'elle aura du poil au torse
ou un soutien-gorge à brûler.
On est noyé dans cette ère du vide.
On scrute les signes d'une reprise mais on brasse du vent…
On commande une nouvelle tournée.
Le verre à moitié plein, on se dit qu'on n'a rien à perdre à essayer par-nous même.
On n'est pas le Messie,
mais ce n'est pas la mer à boire que de mettre un peu d'eau dans son vin.
Sur le chemin, on s'attribue le droit de pester, d'être de mauvaise foi souvent
mais à la condition de ne jamais renoncer.
Le jeu en vaut peut-être la chandelle et que quitte à y laisser sa peau,
on aura eu le beau rôle.