Vincent Fournier
La nuit fut courte, à la recherche d'air entre les couloirs moites de l'appartement.
Au réveil, chercher la fraîcheur dans les plis du drap.
Ne pas perdre de temps, il m’attend.
Passer sous la douche, réussir l’épreuve du feu et régler la question existentielle et quotidienne
« comment je m’habille ? » (Réponse véridique déjà entendue sans trucage : « vite ») sans crise d’angoisse.
Reporter le moment de se sustenter, la chaleur écrasante ayant l’effet d’un coupe-faim radical.
Rendez-vous dans une poignée de minutes avec ce petit frère si fier, si fort.
A l’échappée, en bleu de travail, comme deux parisiens à siroter nos cafés.
Un homme dans la force de l’âge, beau comme un dieu.
Un homme qui m’impressionne, qui me ressemble, si éloigné de moi.
Sensation agréable que de vouloir le protéger.
Désir incroyable que de vouloir déclamer à qui veut l’entendre, à l’aube
« il est beau mon frère, hein » telle une mère juive.
Il me manque. Ils me manquent.