Elle est partout. A la télé, sur papier glacé, sous toutes les coutures, apprêtée à Cannes, sans fard version la fille d'à côté dans Jalouse ou presque nue pour Lui. A l'affiche, elle crève l'écran, irradie la concurrence sans en avoir l'air, dans un mélange d'assurance et de nonchalance.
On se l'arrache. On parle de la naissance d'une idole. Elle devient égérie du luxe. Auréolée d'une Palme, on lui demande son avis sur tout, elle dit des conneries comme nous. On a envie de la claquer. On est sous son emprise. Le charme agit.
Objet promotionnel incarné, chair canon de la rentrée, l'industrie a trouvé un nouveau cocotier à secouer. On connaît le phénomène. On attend que la prophétie se réalise et que cette beauté soit sacrifiée sur le bûcher des vanités, des années passées.
Déjà, on est gavé de ce joli minois comme du Foie Gras qu'on nous ressert jusqu'à l'Epiphanie. Une histoire sans fin. Perso, on ne lui en veut pas. Avant Léa, Ludivine, Irène, Julie, Mélanie sont passées par là. Reines de la soirée, elles ont été ensuite remplacées. C'est le métier. On serait bien le dernier à ne pas vouloir profiter de la lumière des projecteurs.
Mais combien d'entrées feront les films dont elle est la vedette ? Que reste-t-il du cinéma quand ce sentiment de déjà vu tue tout désir de prendre un shoot de fiction dans une salle prévue à cet effet, pour fuir une réalité trop calculée ?
Je m'en fous, j'ai une carte UGC.