Sur le périphérique, au pas, coincés.
Sur les ondes, le Mouv et Jackie Berroyer, décalé, gai-luron, nous fait la promotion de la soirée à venir dans le Lieu qui vient d'ouvrir. Tout Paris est réuni pour célébrer ce qui doit
devenir le temple de ce qui est branché.
Ouvert à tous sur le papier, la Gaîté Lyrique est réservée aux happy few connectés.
Toujours les mêmes qui ont le droit d'entrer.
Par quelque audace et rien à perdre, on tente l'aventure et la chance est là pour nous sourire.
On récupère le fameux sésame et arme notre poignée.
On fait le tour du propriétaire.
Des néons, de la fumée comme on aime mais à vrai dire, on veut faire la fête.
A l'étage supérieur, le bar est blindé en mode fine bouche devant les premiers DJ à sauter dans le bain.
Ca sent le déo. Rien ne dépasse. C'est propre.
Pas de risque de se salir.
On attend la suite.
Danger est annoncé à l'heure où tous les chats sont gris et le carosse se transforme en citrouille.
Attention.
Il arrive masqué et comme pour imposer une présence déjà électrique, il n'y va pas de main morte, utilise mode "full screen" version "Predator".
En quelques secondes, l'atmosphère change.
Les minets blonds se font sortir manu militari par le personnel de sécurité, la foule commence à perdre l'équilibre, les corps s'entrechoquent.
Eclaboussures de bière et perles de sueur, la fosse est à fond, rien ne peut l'arrêter.
Les yeux rivés sur l'écran, le show est complet.
Mission accomplie.
C'est partie pour la nuit.
On en décide pour nous autrement.
Danger éminent.
On veut limiter les dégats.
En un éclair, tout s'arrête.
Le souffle retombe.
Danger s'éloigne.
Le calme revient.
Pas de réclamation. Ce tour de chauffe a fait le job.
On espère que ce n'est que le début pourtant.
Avant de sortir, on se rhabille et on pense à cette phrase entendue derrière la porte : "Le sentiment de frustration fait partie intégrante de cette prestation, ce qui la rend d'autant plus
forte, non ?".
Pas faux.
Mise en Danger réussie.