Photographies de Megalos Kouklos.
Le silence pour souligner le bruit du moteur.
L'odeur du cuir sur les mains et l'huile de la mécanique sous les ongles.
Dans la nuit, les phares du bolide percent le vide.
Il se croyait blindé.
Fausse route.
Un obstacle vient changer la donne, pire qu'un angle mort.
Sur le dos, un scorpion cousu de fil d'or pour prévenir du danger.
Qui s'y frotte s'y pique.
Il est à vif. L'air est électrique.
Rien ne l'en empêchera.
Personne au travers de sa route.
Sang et or, il résiste encore.
L.A. est son circuit.
En cascade, il enchaîne les tours de passe-passe,
n'hésite pas à mettre la main à la pâte.
Pas de répit, pas de seconde prise.
Il est sa propre doublure.
C'est lui qui a le premier rôle.
C'est fini
Dévorés de peur, assaillis de doutes,
l'esprit tourmenté et les yeux pleins d'horreur,
nous nous évertuons à chercher ce que nous pourrions faire
pour écarter de nous le danger inéluctable dont l'imminence nous terrifie.
Pourtant, nous nous trompons, ce n'est pas lui sur le chemin ;
les renseignements étaient faux
(ou nous les avons mal entendus, ou mal compris).
Une autre catastrophe, que nous n'avions pas imaginée,
fond subitement sur nous tel l'éclair
et à l'improviste - trop tard, maintenant - nous emporte.
Constantin Cavaris, 1911
La quatrième de couverture
et l'incipit...
Reposer l'oeuvre* sur la pile des livres sur la liste.
Ne pas l'oublier mais le mettre de côté, pour le moment.
Ne pas vouloir tout gâcher parce que préméditer et tout mélanger.
Laisser passer l'été et l'appréhension de ne pas aimer.
Et le danger de calquer une idée préfabriquée.
Choisir un matin de rentrée
prendre un train, place réservée,
accompagnée du roman dédicacé.
Fatou, siège passager, que l'on veut préservée, est l'objet de toutes les attentions,
de toutes les espérances.
A peine les présentations faîtes, elle ne nous quitte déjà plus.
Le voyage commence.
Installé sur la banquette arrière de la voiture.
A observer, à écouter, on se fait discret mais on n'en perd pas une miette.
Tout va très vite, c'est aiguisé, millimétré et si spontané.
L'auteur, au coeur de son sujet, loin d'être fatigué et d'adopter la posture du blasé ou au contraire d'enjoliver les faits,
écrit combien rien n'est vrai de ce que l'on veut nous faire croire,
que cette banlieue n'est pas un monde à part,
que ce n'est pas le côté obscure de la force
et qu'au milieu d'une indifférente réalité, quelques-uns résistent à la fatalité
et nous mettent en face de nos responsabilités.
Sans juger.
Sans sermonner.
Avec lucidité et sensibilité.
Outre le cercle des initiés,
outre sa pudeur et ce que cela lui a coûté,
il a évité le pathos et la facilité.
Et donné l'envie d'être meilleur, de ne pas avoir peur et d'aller voir la cascade en couleurs.
*A l'arrache de Patrick Goujon, éditions Gallimard.
*
*
*
*
Baxter Dury au Point éphémère
Paris, 23 septembre 2011
*photos d'Aigle flambloyant
Il n'est pas minuit.
Loupé le coche.
Attendre la relève.
Fouiller dans les tiroirs.
Partir à l'aventure d'une relique oubliée.
S'imaginer une madeleine périmée dans les affaires.
Tout retourner.
Et les ranger.
Et d'autres pour le lendemain à préparer.
Genre "la situation est maîtrisée"...
A nouveau défaire l'ordre.
Le temps a passé.
Celui-là même qui oppresse aussi,
surtout.
Se demander ce qui nous empêcherait de se rhabiller, de se maquiller et de ne pas se coucher.
Pas encore.
Pauvre petite fille qui fuit les cernes et la fatigue de l'après-déjeuner.
Qui a peur de ne pas être à la hauteur et de froisser l'ordre.
Celui-là même qui pèse.
En vrai.
Se demander pourquoi ne pas déclarer forfait, une fois.
Rien sur le feu.
En réalité.
Comme un exercice de sécurité pour vérifier que toutes les voies de secours sont accessibles et opérationnelles.
Et que derrière les premières fraîcheurs et les feuilles jaunies, la saison estivale n'en est pas pour autant finie.
En ces temps de disette intellectuelle, où une histoire de fesse fait 58% de part d'audience au JT de TF1, jour du seigneur qui plus est, quoi de plus approprié qu'une ballade qui donne envie de mettre les formes...
*
**
***
****
* & *** Château de Chaumont sur Loire
**Sarkis
**** Musée des Beaux-Arts de Blois
Dans la cible.
En plein dans le mille.
Paris, la vie, l'amour, la mort.
Et alors ?
Sans compter une bande originale sans bavure avec Biolay, Yuksek et Tellier, entre autres pour battre la mesure.
Et la reine des pommes pour couronner le tout ne trouve pas mieux que de nommer ses parents du nom de ceux du bien aimé.
Il n'en fallait pas davantage.
Il aurait pu plomber, nous faire dégouliner.
Nous faire flipper.
Nous faire reculer voire renoncer.
Même pas peur.
A bout de souffle mais toujours dans la course.
Par amour.
Encore et toujours.
Plus rien ne compte plus.
Tout est important, chaque détail au final dans la balance.
Sans frôler le pathos, on est ébranlé.
On se fout que ce soit "tiré d'une histoire vraie".
On se fout que ce soit un film étiquetté.
On se fout qu'il soit "so frenchy" avec ritournelles, brun ténébreux et des rues la nuit sous la pluie, en pull marine.
Maîtrisé, enjoué jusqu'au moindre grain de beauté.
La guerre est déclarée et loin de se morfondre dans une telle situation de crise, de se barricader dans un état de siège, la prise d'arme est radicale, l'appel au front général.
On en ressort plus vivant que jamais à vouloir tout bouffer, tout bousculer, tout défier.
Parce que (plus) rien ne peut nous arriver, en cette rentrée sinistrée, où paraît-il d'avance, tout est déjà joué.
Même pas vrai...