Tout est bloqué, ligne 2 station Porte de Douai.
Métro à l'arrêt.
"Une rame toutes les 3 minutes"
Même pas vrai.
L'objectif à atteindre est ridicule.
Il est précieux.
Provoquer l'accident.
Prendre une décision.
Même pas peur.
Plus le choix.
Il faut attraper ce train.
Le décompte est en marche. 15 minutes chrono.
A côté, 24 heures est une promenade de santé.
C'est la vérité.
Taxi absent et service public en fuite - j'étais certaine que ces flics auraient pitié de moi et que puisque c'est une urgence, j'aurais droit au girophare.
Je cours toujours.
Délit de faciès.
Je l'ai choisi avec les moyens du bord et la panique.
Il a regardé l'horloge de sa voiture et m'a ouvert la porte côté passager, la place du mort.
Entre deux feux rouges, je guette les signes d'un éventuellement dérèglement dans l'Espace noire au rétroviseur droit dans lequel je ne vois pas mon reflet.
Je cherche quelques détails pour me rassurer.
France Info.
Je décide que c'est un bon signe.
Arbitrairement, j'en ai conscience.
Tu parles.
Je ne dis rien. Lui non plus. Je compte jusqu'à trois dans ma tête.
La voiture redémarre.
Je déchiffre les indications sur les panneaux, vérifie que c'est la bonne direction.
Je n'en sais rien.
Je veux ce train.
Je veux ce rendez-vous accordé et programmé l'heure qui suit mon arrivée.
Suspense.
Ralentissement. Obstacles à éviter.
Je me consume.
Il me dépose enfin.
"Je ne sais pas comment vous remercier" - t'es folle de dire ça.
Il me sourit et m'indique la voie à prendre.
Il a gardé ses vitres teintées sur le nez.
A Lille. En plein mois de février...
Je ne sais pas quoi en penser.
Je n'ai pas le temps.
Une minute pour trouver le quai et monter dans ce TGV.
Assise place 22 wagon 8, essoufflée, les jambes coupées, je suis grisée.
Je voudrais le prévenir, lui dire que c'est grâce à lui.
Que sans lui, j'aurais été foutue.
A ce parfait inconnu.