Elle déteste cette ville.
Mais ici ou ailleurs…
Elle y revient après des années d’absence.
Elle y erre dans les rues, la nuit pour fuir cette nouvelle solitude.
Elle est à l’opposé de ces filles sur Instagram.
Loin de cette évanescence fabriquée, de ce naturalisme maniéré et même parions-le de ces photos retouchées.
Trop maquillée, mal fagotée, Paula (Laetitia Dosch) n’est pas Jeanne, Inès, Caroline et toutes ces filles qui déclarent haut et fort qu’elles mangent ce qu’elles veulent, fument comme des pompiers, ont des cheveux en pleine santé et ne semblent pas être contraintes de se réveiller aux aurores pour gagner leur croûte. En effet, elles vivent d’amour, de vin et des bons plans des copains. Elles sont jolies, ne passent pas souvent le périph mais expliquent à la terre entière comment tartiner sa baguette de pain et porter son béret sur le côté.
Paula s’en fout de son tour de taille. Elle a d’autre chat à kidnapper. Elle a faim. Comment trouver un toit et remplir un frigo qu’elle n’a pas quand on vient de se faire larguer par son Pygmalion, pour qui on a tout plaqué, dix ans auparavant, le bac à peine en poche.
C’est l’histoire d’une rupture, c’est l’histoire d’une mue, c’est l’histoire de retrouvaille, c’est l’histoire d’une non de deux, non de trois rencontres aussi improbables que fondamentales. C’est l’histoire d’une parisienne qu’on imagine de banlieue, une fille fragile plus forte que n’importe qui, pour qui on a froid, on a peur, pour qui on espère même le moins pire et qui nous démontrera que la parisienne – la vraie – n’a pas peur de transpirer et de se décoiffer pour se libérer des clichés et se prouver qu’elle peut y arriver, par elle-même, pour elle-même.
En aparté, on souligne ce prétendu hasard d’une Caméra D’Or qui récompensa en 2017 « Jeune Femme » de Léonor Serraille, un an après « Divines » de Houda Benyamina, complétant ainsi le portrait de femmes d’aujourd’hui aussi indépendantes que combattives toutes dans un style unique, mais bel et bien ancrées dans la vraie vie – même si c’est du cinéma.